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Europe

Recréer les odeurs du passé

Comment savoir ce que nos ancêtres sentaient en parcourant les rues des grandes villes européennes au XVIIIème siècle ? Comment analyser l’importance culturelle de certaines odeurs ? Et comment les reproduire aujourd’hui pour les touristes du présent ? Le projet Odeuropa, mené par des historiens, des parfumeurs et des spécialistes en intelligence artificielle, et financé par le programme Horizon 2020, vise à répondre à ces questions.

Ce projet vient s’inscrire dans la tendance actuelle des grands musées et sites de visite à promouvoir une approche multi-sensorielle. Alors que le toucher, la vue et l’ouïe sont largement sollicités par ces expériences, l’odorat reste un continent inexploré. Odeuropa recrée les odeurs du passé grâce à des outils d’intelligence artificielle de pointe, qui traitent de grandes quantités de données issues de quatre siècles de textes d’urbanisme, de botanique, de médecine, de romans et récits de voyages, de sources religieuses ou d’articles de presse… Une fois répertoriées, une centaine d’odeurs ont été intégrées à une encyclopédie du patrimoine olfactif, consultable en ligne, et enrichie par des recherches d’historiens sur la signification culturelle ou historique de ces odeurs.

Odeuropa vise aussi à reproduire ces odeurs et à leur permettre d’enrichir l’expérience touristique des visiteurs. L’un des outils issus du projet est l’application City Sniffers, développée en collaboration avec le Musée d’Amsterdam, associée à une carte composée de pastilles à gratter. Ces dernières libèrent des senteurs caractéristiques au gré d’un parcours dans la ville d’Amsterdam. Odeur des canaux, romarin, ou encore bijou parfumé pour éloigner la peste, sont autant de portes d’entrée vers des faits historiques ou habitudes du passé. Les odeurs de la retraite de Napoléon à Waterloo ont aussi fait l’objet d’une reconstitution : crin de cheval, herbe mouillée, transpiration, cuir et eau de Cologne au romarin, à la bergamote et à l’orange amère…Mené par sept partenaires européens dont l’école d’ingénieurs française EURECOM, le projet fédère également une large communauté qui fait avancer la recherche sur les odeurs du passé et ses applications.